Cycle de formation 2025 sous la direction de
Marie-Laure Dimon, Christine Gioja Brunerie et Anne-Marie Leriche
Il semblerait que l’être humain de culture naturaliste ne puisse vivre sans un exosquelette technique. Il est un « dieu prothétique » dit Freud. Toutefois, les sciences de l’environnement nous infligent une désillusion. Nous découvrons qu’aujourd’hui ce « dieu » est passablement écrasé par sa prothèse. Trois siècles de déchets de révolutions industrielles et technologiques sont devenus une crise environnementale en voie d’emballement hors de toute maîtrise par l’humanité. De plus, notre exosquelette technique est armé et la bombe atomique constitue le paradigme, instable, de cet armement. Enfin, nous sommes en train de donner un cerveau à cet exosquelette, avec l’intelligence artificielle. L’espèce humaine n’existerait-elle sur cette planète que pour accoucher de cyborgs, se demandent certains ? Crise environnementale, situation atomique et intelligence artificielle constituent une menace technique qui pèse désormais sur toutes les dimensions du vivant selon des situations d’irréversibilité qui paraissent se renforcer mutuellement. La psychanalyse a-t-elle quelque chose à dire de l’énigmatique familiarité que nous entretenons avec cette catastrophe potentielle ? De sa banalisation ? Existe-t-il des fronts de la survivance psychique susceptibles de se développer dans les situations de violences sociales qu’un tel contexte historique ne peut manquer de susciter ?
La catastrophe écologique nous fait découvrir les interdépendances et attachements qui nous lient aux formes de vie non humaines et qu’avant d’être humain nous sommes des êtres terrestres fruits de milliers d’années de coévolution. Nous sommes constitués par ces autres que le récit moderniste d’une Humanité toute-puissante a mis en scène comme des objets à dominer ou des ressources à exploiter. Ces « autres » font aujourd’hui irruption dans l’espace social et politique mais aussi dans nos intimités. Ils reconfigurent les formes de l’espace social et en même temps la relation que nous avons à nous même et à notre propre humanité. Que devient l’humain lorsqu’il se trouve mis à l’épreuve de la condition terrestre ? Comment accueillir la part non humaine qui nous habite et nous constitue ?